mardi 11 décembre 2012

Une photo, c'est comme une caresse

Oh la oh la, on se calme, rien d'érotique ici ! (Elle a l'air érotique la photo, là, à gauche ? Si vous répondez oui, je suggère une consultation chez le spécialiste adapté le plus proche de vous ;-) ). 

Pourquoi ce titre, me demanderez-vous ? Et si vous ne me le demandez pas, je vous le dirai quand même, parce que je vous aime bien. Alors voilà :

J'ai toujours gardé en moi ce poème, rencontré un jour de mes 17 ans, écrit par Paul Eluard :

"D'une seule caresse 
Je te fais briller de tout ton éclat".

Oui, oui vous avez là l'entier poème, mais quel poème. Quel poème à dire à la personne qui vous fait chavirer.

Bon maintenant, le lien entre ce poème et mon article - et la photo qui l'illustre. (Je vous entends d'ici : il va faire comment là ? Non mais sérieusement....) Alors voilà :

Ma façon d'envisager la photo est tout entière dans ce poème. La photo est comme une caresse, toute de pudeur, d'audace, d'humilité et de regard, qui vient faire "briller" le sujet de tout ce qu'il peut contenir et dégager d'émouvant. Comme on exprime le jus d'un fruit en le pressant, la photo exprime le "jus" du sujet regardé. 

La distance variable entre le sujet et l'appareil photo qui devient l'extension du domaine de ma pensée, le regard donné comme un sourire au hasard de la rue, celui qui fait tant de bien car on ne l'attendait plus, voici les éléments fondateurs de mes photos.

Rien ne m'attire plus que ce que l'on aurait trop vite tendance à qualifier de banal dans une société d'images où l'extraordinaire (au sens d'inhabituel) est sûrement trop souvent recherché au détriment de l'éclat vrai, profond qui fait exister tout ce qui construit notre environnement, notre monde. Ce sera l'immense vibration du regard de cette adolescente (ma fille, la vôtre) qui vous apprend que la vie est belle comme si vous ne le saviez pas encore, ce sera l'étreinte absente, ce sera l'objet perdu, délaissé, infime à l'échelle de l'univers mais si gigantesque dans l'objectif tant il peut résonner de souvenirs et de gestes qui resteront à jamais inconnus mais bien réels...

Ce sera aussi, à la nuit tombée, ce paquet de chips, éventré, étirant son ombre sous le soleil blanchâtre d'un réverbère au milieu de quelques feuilles d'arbres et du bitume (je vous avais dit que j'arriverais au lien entre la photo et l'article).

Car tout est trace, précieuse, de quelque chose, trace d'un acte, d'un geste, trace de quelqu'un, et la photo permet de faire surgir ces traces que la hâte efface ou, au mieux, dilue. 

La photo est comme une caresse qui fait briller le sujet de tout son éclat, qui le fait apparaître dans toute sa beauté. C'est ainsi que je la conçois.




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