dimanche 6 janvier 2013

Le portrait, si on parlait du portrait ?

Et si on s'intéressait un peu au portrait ? C'est un genre que j'affectionne tout particulièrement, mais qui n'est pas le plus facile. 

Mais qu'entend-il par là ? êtes-vous en train de vous demander. C'est pourtant simple, il suffit de viser le visage, d'appuyer sur le déclencheur et hop, on a un portrait ! Ah bon, alors c'est donc si simple ? Mais pourquoi ne m'en suis-je pas rendu compte plus tôt ? Pourquoi ? Parce que ce n'est pas si simple ! 

Pourquoi ce n'est pas si facile ? Parce que je ne veux pas entrer par effraction, alors parfois, je préfère ne pas prendre la photo plutôt que de sentir que l'appareil gêne, que le moment est vécu comme une intrusion. 

Quand on pense "portrait", on pense visage, mais si le portrait montre certes le visage, il ne doit pas se contenter de montrer l'aspect physique, il doit également réussir à faire ressentir, apparaître, cette part de mystère, de douceur, d'intensité que porte chaque personne photographiée, mystère dont le visage est le miroir inversé. Ce n'est pas un miroir dans lequel le spectateur se regarde, mais un miroir dans lequel la personne photographiée montre d'elle ce qu'il n'est pas facile de voir sans arrêter le temps comme le permet la photographie. 

J'aime cette idée de donner à voir ce que la personne donnera plus ou moins consciemment, plus ou moins volontairement, et la photo n'est réussie que si elle est faite dans le respect total de la personne.




Ce qui est marquant, souvent, c'est la profondeur d'âme qui émane des portraits d'enfants, vous avez déjà remarqué à quel point ils savent être présents sur une photographie ? Mais c'est normal, les enfants sont immenses, ils portent l'avenir, non ?


























Les meilleurs portraits, selon moi, sont ceux qui sont effectués dans un environnement sinon familier, tout du moins réel (non dédié à la photo), un environnement où la personne se sent bien, parce qu'elle n'est pas là que pour se faire photographier, parce qu'elle peut "oublier" le photographe. C'est important cette dimension, sinon vous obtenez quelque chose de moins naturel, de moins intérieur. C'est pour cela que j'aime les portraits faits quand la personne est parmi les autres, dans la ville, dans la nature ou en tout autre lieu où la personne se sentira libre de se montrer. Libre d'oublier de contrôler totalement son image.

Le portrait est une façon de s'abandonner un peu, voire un peu plus qu'un peu, et ce n'est pas le plus facile, n'est-ce pas ?

Les photos de studio, pour intéressantes qu'elles soient, n'offrent pas la même dimension, du moins pas celle que j'ai plaisir à chercher dans le travail du portrait, objet de cet article. Cela ne veut pas dire que je n'aime pas les photos de studio mais, à mes yeux, elles se prêtent plus à la mise en scène, au jeu. Le jeu peut servir de révélateur, c'est vrai. Et comme j'aime jouer :), je ne dis pas non si je dois le faire.


En général, les gens aiment le portrait, ils aiment se faire photographier même s'ils ne l'avouent pas vraiment, pas toujours. Le portrait leur permet de se voir au travers d'un regard extérieur à partir duquel ils parviendront à voir quelque chose d'eux-mêmes qu'ils ne voyaient pas forcément ou pas distinctement du moins. Un portrait qui plaît pour cela, un portrait qui aide quelqu'un à sortir des préjugés qu'il a accumulés sur lui-même, au fil des années, un portrait qui va au-delà du simple narcissisme, c'est un beau cadeau je trouve.

Et vous, qu'est-ce que vous attendez d'un portrait ?

8 commentaires:

  1. Je suis toujours étonnée -agréablement bien entendu !- de la beauté des portraits que réalises. Comme tu le dis justement ici, tu arrives toujours à extraire une vérité de nous, à nous rendre beaux. Tu captes ce que tu cachons, ce que nous tentons de dissimuler et tu le rends visible d'un "simple" -pas si simple- clic qui immortalise l'instant.
    Merci pour ces beaux portraits :-)

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  2. J aime les portraits comme toi mais lorsqu ils sont pris de façon naturel sans poses ni rien et ça c est ce qui a de plus dur a capturer pour le photographe et pour la personne photographié on a tendances a vouloir être pris sous notre meilleur angle de vue. Je trouve ça un peu triste et je retrouve ce coté naturel que dans les photos de mes parents, ils contrôlaient moins leurs images c était mieux...

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    1. Merci Roxana pour ton avis : il est vrai que nos parents ne cherchaient pas à contrôler leur image comme cela se fait de nos jours. Aujourd'hui, cette volonté de contrôler, voire de s'inventer son image arrive très tôt, dès l'adolescence, âge où l'apparence a tant d'importance, et notre société d'images contribue largement à cet état de fait.

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  3. Certains sont vraiment sublimes, j'adore le tien entre autres Sandrine!

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    1. Merci Laure et bien d'accord avec toi au sujet du portrait de Sandrine : le modèle est inspirant :)

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